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PREMIÈRE MOITIÉ DU XVI° SIÈCLE ' 167
Voici donc comment s'exprime sur les tapisseries du Vatican, dans son Inventaire descriptif cles tapisseries conservées à Rome, Mgr Barbier de Montault : « A part deux ou trois pièces qui sont certainement authentiques et dignes du peintre d'Urbino, toutes les autres sentent la pacotille et le commerce ; l'ancien directeur des Gobelins, M. Badin, n'a même pas hésité à les qualifier, devant moi, d'apocryphes. En effet, ou elles n'ont pas été exécutées directement d'après les dessins de Raphaël, ou ses cartons ont été malencontreusement exécutés et horriblement défigurés par les tapissiers. Il y a des personnages qui tournent au grotesque, tellement ils sont épais et vulgaires. » Et l'auteur, s'excusant de son irrévérence à l'égard de l'idole vénérée depuis des siècles, ajoute : « C'est peut-être la première fois que cette rectification, devenue nécessaire, tombe dans le domaine public; mais la vérité a des droits imprescriptibles, et l'archéologie n'est réellement utile qu'autant qu'elle se montre consciencieuse et éclairée, sans enthousiasme ni parti pris. » Quelque sévère que puisse paraître ce jugement, il faut bien reconnaître que le pape Léon X s'y était mal pris, s'il désirait avoir une copie fidèle des chefs-d'œuvre de Raphaël. Au lieu d'adresser les cartons aux tapissiers flamands, que n'a-t-il fait venir à sa cour quelques-uns des plus fameux maitres de Bruxelles? S'ils avaient travaillé à Rome, sous la surveillance immédiate du peintre d'Urbin, peut-être ce courant sympathique, cet échange d'idées si nécessaire en pareille occurrence, se serait-il établi entre Raphaël et ses traducteurs, comme cela eut lieu du temps de Rubens et de Le Brun, et il serait sans cloute sorti de cette entente un chef-d'œuvre admirable, tandis que cette illustre collaboration n'a produit qu'un résultat fort discutable au demeurant.
Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de toutes les vicissitudes que les Actes des apôtres ont subies depuis trois siècles et demi. Dérobées en partie lors du sac de Rome par le connétable de
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Bourbon, transportées à Paris en 1798 pour y rester dix ans, elles ont repris leur place au Vatican, et le grand souvenir de Raphaël plane encore sur elles, sans les défendre toujours, on l'a vu, contre les critiques des connaisseurs indépendants qui voient par leurs propres yeux et ne jugent pas des choses sur leur réputation. Quelques réserves que nous ayons cru devoir présenter sur cette œuvre célèbre, l'effet qu'elle produisit dès le premier jour de son exhibition fut considérable, unanime. A partir de ce moment, les
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